WILLIAM PARROTT
Aveley, 1813-Chilton, 1869 (?)
UNE LEÇON À LA BRITISH GALLERY
[ou British Institution for Promoting the Fine Arts in the United Kingdom]
Vers 1839 (?)
Plume et encre brune, lavis gris, graphite
140 x 150 mm
Titré en bas à gauche par l’artiste, à la plume et encre brune : « Studio » [« S » sous la forme d’un serpent].
Initiales inscrites en bas à gauche, au graphite : « W P ».
Annoté en bas, à la plume et encre grise : « Students ».
Monogrammé en bas à droite, à la plume et encre brune : « W P ».
Historique : États-Unis, collection particulière d’un amateur anglais (?).
Bibliographie : [vraisemblablement] Algernon Graves, The British Institution (1806-1867). A Complete Dictionary of Contributors and Their Work from the Foundation of the Institution, Bath, George Bell and Sons, 1908, p. 416.
Exposition : [vraisemblablement] The British Institution, 1839 (« 232. Students of the British Gallery »).
Aquarelliste, peintre et lithographe, William Parrott compte parmi les artistes britanniques qui voyagent en France durant la première moitié du xixe siècle, au lendemain de 1815 et de la levée du blocus continental. Il séjourne à Paris vers les années 1843-1844, ainsi qu’à plusieurs reprises en Normandie et en Bretagne – quelques-unes de ses œuvres sont aujourd’hui conservées au musée Carnavalet, au musée des Beaux-Arts de Rouen et au musée Dobrée de Nantes – avant de poursuivre son Grand Tour en Italie vers 1844-1845, à Rome, Naples et Pompéi. De ses voyages, il tire des scènes pittoresques, endossant le rôle de chroniqueur de la vie quotidienne indigène, non sans humour et dérision, comme en témoigne par exemple A Fair in the Champs Elysées, « (Grand tintamarre) Voila, Voila, v’la, v’la Messieurs ! (…) », présenté à la Royal Academy en 18531. En effet, si Parrott est souvent qualifié de paysagiste, il est tout autant peintre de genre. En atteste l’un de ses plus célèbres tableaux représentant Joseph Mallord William Turner, figure déjà monumentale de la peinture anglaise, retouchant une œuvre avant l’ouverture de l’exposition de la Royal Academy (ill. 1).
Dès 1835, Parrott expose régulièrement à la British Institution, à la Royal Academy et à la Society of British Artists de la Suffolk Street2. En 1839, pour sa première participation à l’exposition de la British Institution, il présente sous le numéro 232 une œuvre intitulée Students of the British Gallery (« Une leçon à la British Gallery »), dont le livret précise les dimensions extérieures de l’encadrement : un pied et deux pouces de hauteur sur un pied de largeur, soit environ 35,5 x 30,5 cm3. Selon toute probabilité, il s’agit du sujet que nous présentons, voire de l’œuvre exposée en 18394 : quatre élégantes jeunes femmes dessinent d’après un buste, tandis qu’un peintre – peut-être William Parrott lui-même – prodigue ses conseils et qu’une dame de compagnie semble faire la lecture. Par ailleurs, le rapport entre les dimensions indiquées par le livret et celles de la feuille est sensiblement identique, bien que celle-ci ait été coupée – le dessin était à la fois plus haut et plus large (notamment à droite), comme l’indique le trait d’encadrement cintré partiellement visible dans les angles supérieurs. Notons que cet arc n’est pas sans évoquer la composition du Turner cité précédemment ; ces deux œuvres, pratiquement contemporaines, sont peut-être le fruit de recherches autour d’un même thème, explorant avec humour et finesse la vie des galeries de peintures publiques londoniennes.
Fondée en 1805, la British Institution for Promoting the Fine Arts in the United Kingdom, plus communément appelée British Institution ou British Gallery, se situait dans le quartier St. James, au 52 Pall Mall, autrefois Boydell Shakespeare Gallery. Cette fondation privée avait pour but de promouvoir les peintres vivants de l’école anglaise, leur permettant de vendre leurs œuvres, mais également d’exposer les maîtres anciens. Elle crée en son sein la « British School », une école ouverte aux étudiants en art comme aux amateurs : il devient possible de copier d’après les maîtres, grâce à des prêts de collectionneurs privés, pour la plupart membres de l’institution. Si, dans un premier temps, ces tableaux sont uniquement accessibles aux élèves de la British School, à partir de 1813, les « Summer Exhibitions » sont également ouvertes au public, ce qui contribue au succès de l’institution5.
La British School était ouverte aux hommes comme aux femmes. En témoignent une estampe d’Auguste Charles Pugin d’après Thomas Rowlandson parue dans The Microcosm of London en 18086 (ill. 2), ainsi que deux dessins satiriques d’Alfred Edward Chalon, datables de la fin de la décennie 1800, décrits et reproduits dans l’article de Frederic George Stephens7 (ill. 3 et 4). En 1809, 6 femmes sont inscrites parmi 33 élèves, tandis qu’en 1818, selon une proportion stable, elles sont une douzaine, sur un total de 72 élèves8. Qu’en est-il à la fin des années 1830 ? L’œuvre de Parrott laisse supposer que la British School ait pu être non pas exclusivement réservé à des élèves aspirant à une carrière professionnelle, mais également un lieu d’éducation et de sociabilité adapté à de jeunes anglaises aisées et cultivées, une hypothèse que seule une étude approfondie de la British School pourrait étayer.
1 Vente, Londres, Christie’s, 12 juin 2001, lot 12 (localisation actuelle inconnue). Les œuvres de Parrott sont également de précieux témoignages historiques : tel est le cas du Quai de Conti conservé au musée Carnavalet (voir Madeleine Delpierre, « Le quai Conti sous Louis-Philippe vu par le peintre anglais William Parrott », Bulletin du musée Carnavalet, novembre 1951, p. 5‑7).
2 Algernon Graves, A Dictionary of Artists Who Have Exhibited Works in the Principal London Exhibitions from 1760 to 1893, Londres, Henry Graves and Co., 1895, p. 211.
3 Algernon Graves, The British Institution (1806-1867). A Complete Dictionary of Contributors and Their Work from the Foundation of the Institution, Bath, George Bell and Sons, 1908, p. 416 (« N° 232 ‘Students of the British Gallery’/1.2 x 1.0 »). Comme le précise l’auteur dans la préface de l’ouvrage, les livrets des expositions de la British Institution renseignent les dimensions extérieures des œuvres encadrées jusqu’en 1852 (ibid., p. vii).
4 En admettant que l’œuvre exposée en 1839 soit une œuvre sur papier. À défaut, il pourrait s’agir du dessin préparatoire.
5 Frederic George Stephens, « The British Institution: its aims and history », The Portfolio: An Artistic Periodical, vol. XV, 1884, p. 215-220. À ce titre, la British Institution fait figure de précurseur, puisque la National Gallery n’ouvre ses portes qu’en 1824.
6 Rudolph Ackermann (éd.), The Microcosm of London, 3 vol., Londres, R. Ackermann Repository of Arts, 1808-1811, t. I, p. 98 et pl. XIII.
7 Stephens, op. cit., face p. 216 et p. 219.
8 Thomas Smith, Recollections of the British Institution for Promoting the Fine Arts in the United Kingdom, Londres, Simpkin and Marshall|Edward Stanford, 1860, p. 39-46 (« The School of Painting »).
Ill. 1. William Parrott, J.W.M. Turner on Varnishing Day at the Royal Academy (« J.W.M. Turner le jour de la retouche à la Royal Academy »), vers 1840 (?), huile sur panneau, 45 x 43,7 cm (17 11/16 x 17 3/16 in.), Museums Sheffield, Collection of the Guild of St George, inv. CGSG00741, en prêt de long terme au Metropolitan Museum of Art de New York.
Ill. 2. Auguste Charles Pugin d’après Thomas Rowlandson, John Bluck, The British Institution (Pall Mall), eau-forte et aquatinte, 235 x 280 mm (9 1/4 x 11 in.) [au coup de planche], New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. 59.533.570.
Ill. 3. Alfred Edward Chalon, Students at the British Institution, plume et encre brune, lavis brun, aquarelle, 315 x 531 mm (12 2/5 x 21 in.), Londres, British Museum, inv. 1879,0614.757.
Ill. 4. Alfred Edward Chalon, Students at the British Institution, plume et encre brune, lavis brun, aquarelle, 324 x 531 mm (12 4/5 x 21 in.), Londres, British Museum, inv. 1879,0614.758.
CHARLES NICOLAS COCHIN
Paris, 1715-1790
DESSIN PRÉPARATOIRE POUR LE DRAGON À PLUSIEURS QUEUES DES FABLES DE JEAN DE LA FONTAINE
(Le Dragon à plusieurs têtes et le dragon à plusieurs queues, livre I, fable XII)
Pierre noire, traits de contours incisés et verso frotté à la sanguine pour le report
273 x 202 mm
Filigrane : Jean Villedary (Gaudriauld 4190).
Pratiquant le dessin et l’estampe, Charles Nicolas Cochin est considéré en son temps comme le plus brillant des illustrateurs. Formé par son père le graveur Charles Nicolas Cochin, dit le Vieux, ainsi que dans l’atelier du peintre Jean Restout, il est un homme de lettres et de relations, à la culture éclectique. Il accompagne Monsieur de Vandières, futur marquis de Marigny et surintendant des Bâtiments du roi, dans son célèbre Grand Tour d’Italie aux côtés Jacques Germain Soufflot et de l’abbé Leblanc entre 1749 et 1751, un voyage qui marque profondément son œuvre. À son retour, il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture – sans être agréé au préalable –, puis il est nommé garde des dessins du Cabinet du roi en 1752 et enfin secrétaire perpétuel de l’Académie en 1755.
Pour la très célèbre édition des Fables de Jean de la Fontaine, livre de luxe financé par souscription et paru en quatre volumes in-folio entre 1755 et 1759, Cochin est chargé d’adapter pour la gravure 276 dessins de Jean-Baptiste Oudry, réalisés entre 1729 et 1734.
Ces derniers sont effectivement exécutés selon une technique particulièrement picturale, à l’encre noire et rehaussée de gouache blanche sur papier bleu. Cochin redessine ainsi chacune des planches au trait, à la pierre noire, en prenant le soin de ménager un cartouche pour la gravure en lettres dans la partie inférieure. Ces dessins sont ensuite transmis aux graveurs – choisis par Cochin –, comme en atteste le verso de la présente feuille, frotté à la sanguine pour le report de la composition sur la matrice. Il contrôle la réalisation de chaque planche, dirigeant la gravure et corrigeant les épreuves1.
Il semble que les dessins de Cochin aient rapidement été dispersés. En 1913, le marquis de Girardin en localisait environ quatre-vingt dans les collections d’Eugène Rodrigues, Alfred Piat et André Hédé-Haüy2. Le Dragon à plusieurs têtes et le dragon à plusieurs queues (livre I, fable XII) fait partie des dix-huit fables comportant deux illustrations ; Le Dragon à plusieurs têtes n’est pas localisé à ce jour.
1 Christian Michel, Charles-Nicolas Cochin et le livre illustré au xviiie siècle. Avec un catalogue raisonné des livres illustrés par Cochin (1735-1790), Genève, Librairie Droz, 1987, cat. 198, p. 375-376.
2 Marquis de Girardin, « L’édition des fables dites d’Oudry de La Fontaine », Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, juillet 1913, p. 332‑344.
Claude Olivier Gallimard d’après Charles Nicolas Cochin, Le Dragon à plusieurs queues, eau-forte, 282 x 214 mm (IFF 31). © Source gallica.bnf.fr|Bibliothèque nationale de France.
JULIETTE HÉBERT
Genève, 1837-1924
UN BERGER ITALIEN, D’APRÈS JULES HÉBERT, LE PÈRE DE L’ARTISTE
1860
Pierre noire, rehauts de gouache blanche
360 x 254 mm
Signé et daté en bas à droite : « Juliette Hébert / d’après / J.s Hébert / 1860. ».
Historique : Genève, collection particulière.
Juliette Hébert appartient à une lignée de miniaturistes genevois fondée par son grand-père d’origine champenoise, Nicolas Didier Hébert (1754-1820). Elle est l’élève de son père Jules (1812-1897) – le seul à ne pas avoir pratiqué la peinture sur émail au profit de la peinture et de la lithographie – et se forme au sein de l’atelier des miniaturistes Louise et Gaspard Lamunière à Genève. Elle est également la filleule du peintre Barthélémy Menn (1815-1893), ami de son père et personnalité majeure de l’école genevoise du xixe siècle : Menn intègre l’atelier d’Ingres à Paris avant de le suivre en Italie, et c’est lorsqu’il séjourne à Rome que Jules Hébert, avec qui il entretient une correspondance suivie, lui demande de devenir le parrain de son premier enfant et de choisir son prénom s’il s’agit d’une fille : ce sera Juliette1.
Si, comme son père, elle s’est essayée à la lithographie, Hébert se fait connaître grâce à ses miniatures2. Elle expose au Salon de Genève à partir de 1857 et présente cette même année un portrait sur émail d’Henriette Rath (1773-1856) d’après une œuvre de son oncle Pierre Hébert (1783-1867), formé par celle qui fonda le musée éponyme3. Par ce choix, certainement en hommage à la disparition d’Henriette Rath advenue l’année précédente, la jeune Juliette se présente au public comme l’héritière d’une double filiation : celle de la célèbre miniaturiste et de son oncle.
Ce berger italien, du Latium ou de Campanie, reprend une peinture du père de l’artiste, Jules Hébert4 (ill.). Ce dernier réalise une série de bergers dans le courant des années 1840 et s’inscrit dans le sillage de son compatriote Léopold Robert (1794-1935), inventeur des types particulièrement pittoresques du brigand et du berger italiens lors de son séjour ultramontain, qui connurent un important succès dans toute l’Europe à partir des années 1820.
Quelques variantes distinguent les deux œuvres, en particulier dans l’arrangement du costume. Néanmoins la différence principale réside dans le choix d’exprimer la picturalité du sujet grâce aux valeurs de noir, rehaussé de quelques touches de lumière posées à la gouache. Le moelleux de la pierre permet une exécution d’une grande finesse, soulignant ainsi l’habileté de la miniaturiste, manifeste dans le modelé du visage.
1 Daniel Baud-Bovy, « Lettres de Rome de Barthélémy Menn à Jules Hébert », Jarhbuch für Kunst und Kunstpflege in der Schweiz, vol. IV (1925-1927), 1928, p. 208 : « Je ne te renverrai point au bout de la lettre pour te dire que je me sens plus heureux que jamais de servir de second père à votre enfant ; car je crois qu’il n’y aura jamais trop de liens entre nous. Je reverserai sur cet enfant la tendresse qui en augmentera pour vous, puissent nos prières communes appeler sur lui le bonheur dès le ventre de sa mère. Puisque vous désirez que je lui donne un nom si c’était une fille, il n’y en a point qui me plaise plus que celui de Juliette, je crois qu’il sera de votre goût, appelez-la ainsi pour moi, donnez-lui de plus le nom de sa mère. Comme je me réjouis de voir cet enfant, j’ai découvert que je les aime beaucoup (…) » (Lettre de Barthélémy Menn à Jules Hébert, à Rome, le 15 août 1837).
2 Bibliothèque de Genève, inv. Icon G 1966-600-241, Icon G 1979-120 8 et Icon G 1979-120 6.
3 Genève, musée d’Art et d’Histoire, inv. H 2002-0018.
4 Vente, Koller, Genève, Palais de l’Athénée, 11 novembre 2005, lot 1327.
Jules Hébert, Un berger italien, huile sur carton, 432 x 325 mm, localisation actuelle inconnue.
EDUARDO DALBONO
Naples, 1841-1915
ÉTUDE POUR UNE « SIRÈNE »
Huile sur papier calque partiellement vernis, contrecollé sur papier
705 x 450 mm
1140 x 910 mm [encadré]
Signé en bas au centre : « E Dalbono ».
Eduardo Dalbono est né au sein d’une famille cultivée et amie des arts. Son père, Carlo Tito, collectionneur, historien et critique, lui prodigue une solide culture littéraire, historique et artistique. En 1850, Eduardo apprend le dessin auprès du graveur Augusto Marchetti, avant de poursuivre sa formation à Naples. Artiste éclectique, il adhère à la leçon de Domenico Morelli en faveur d’une peinture naturaliste et pratique également le paysage, témoignant d’une sensibilité à la manière de Giacinto Gigante et à la Scuola di Posillipo, puis à la Scuola di Resina, qui promeut la peinture de plein air. Il séjourne à Paris entre 1878 et 1882 où il travaille pour le marchand Adolphe Goupil auquel il est présenté par Giuseppe de Nittis, tout comme nombre d’artistes de l’Italie méridionale à la même époque.
Dalbono commence à exposer dès la fin des années 1850. En 1871, il présente La Légende des sirènes à l’exposition de la Società Promotrice di Belle Arti, illustration du mythe de l’antique fondation de la cité de Parthénope, du nom de la sirène qui se serait jetée à la mer avec ses sœurs devant l’insensibilité d’Ulysse à leur chant1. Ce tableau obtient un succès retentissant : il est exposé à Milan en 1872, puis à l’Exposition universelle de Vienne l’année suivante, remportant une médaille de bronze. De retour à Naples après son séjour parisien, Dalbono exécute de nombreux décors privés et publics, notamment pour le prince et la princesse de Sirignano dans leur palais de la Riviera di Chiaia2, qui fut le premier siège de la Società Napoletana degli Artisti. C’est à cette époque qu’il réalise Les Sirènes, probablement en vue de la décoration d’une voûte ou d’un plafond3 (ill. ci-dessous), dont le sujet comme les physionomies de ces « sirènes », en fait représentées comme des femmes, évoque son chef-d’œuvre de 1871.
Cette étude à l’huile sur papier calque prépare la figure féminine à droite des Sirènes, qui joue des castagnettes, instrument typique de la danse napolitaine de la tarentelle. Toute l’attention se porte sur l’incidence de la lumière sur le modelé du corps féminin, d’une grande vigueur, tandis que l’éclairage prendra une autre orientation dans la peinture définitive.
1 Civiltà dell’Ottocento, le arti a Napoli dai Borbone ai Savoia, cat. exp., Naples, musée de Capodimonte, Caserte, Palais royal, 25 octobre 1997-16 avril 1998, Naples, Electa, 1997.cat. 17. 175, p. 556, 560, repr. p. 558.
2 Oreste Giordano, Eduardo Dalbono: i giorni e le opere, Milan, Enotria di S. Molinari, 1912, p. 98-99.
3 Nicola Spinosa, Capolavori dell’800 napoletano: dal romanticismo al verismo: dalla Reggia di Capodimonte alla Villa reale di Monza, cat. exp., Monza, Serrone di Villa Reale, 16 mai-5 octobre 1997, Milan, Gabriele Mazzotta, 1997, p. 156-157, repr.
Eduardo Dalbono, Les Sirènes, huile sur papier, contrecollé sur panneau, 950 x 1050 mm, Milan, Galleria d’Arte Moderna, inv. GAM 7613.
KARL BENNEWITZ VON LÖFEN (le Jeune)
Berlin, 1856-Szczcin, 1931
PORTRAIT D’YVETTE GUILBERT
1904
Esquisse à la pierre noire et pastel sur carton
Encadrement d’origine (verre et cadre)
550 x 440 mm
Signé et daté à gauche : « BENNEWITZ.v.LOEFEN jr / .1904. ».
Historique : collection d’une famille près de Saint-Germain-en-Laye.
Bibliographie :
- Karl Erich, “Berlin”, Le Monde artiste, Year 44, no. 15, April 10th 1904, p. 232.
- Yvette Guilbert and Harold Simpson, Struggles and Victories, London, Mills & Boon Ltd, 1910, repr. facing p. 150.
- Yvette Guilbert, Béatrice de Holthoir (trad.), The Song of My Life: My Memories, London|Bombay|Sidney, George G. Harrap & Co. Ltd, 1929, repr. facing p. 274.
Karl Bennewitz von Löfen le Jeune est d’abord actif à Münich avant de s’installer à Berlin durant les années 1890. Il participe aux principales manifestations artistiques de la capitale : au jubilé de l’Akademie der Künste en 1886, à la Internazionale Kunstausstellung en 1891, puis à la Grosse Berliner Kunstausstellung de 1894 à 1917, dont il est également membre de la commission. Il expose scènes de genre et portraits au pastel qui lui valent la reconnaissance de la critique.
En 1904, à la Grosse Berliner Kunstausstellung, il remporte une « petite » médaille d’or grâce à un portrait de sa mère1. Cette année-ci, il aurait pourtant dû exposer deux portraits de l’iconique Yvette Guilbert, comme l’indique Karl Erich, correspondant allemand du journal Le Monde Artiste :
« Yvette Guilbert part à Hambourg, après un séjour d’un mois dans notre ville. La grande artiste a été fêtée plus que jamais ; sa popularité est évidente, ici ; après le grand Lenbach, qui fit d’elle un portrait superbe, voici que Bennewitz de Löfen exposera deux étranges têtes de la diva, et que le sculpteur Julius Steiner impressionnera notre public par un buste superbe, d’une calme ironie, à l’ouverture du prochain Salon2. »
Bennewitz von Löfen a déjà portraituré Yvette Guilbert à deux reprises, en 1899 et en 1901. Elle a d’ailleurs acquis le premier, réalisé à Berlin lors de son premier séjour dans la capitale allemande, et l’a installé dans son fastueux hôtel particulier du boulevard Berthier3 (ill.).
D’extraction modeste, Yvette Guilbert s’impose sur la scène des cafés-concerts parisiens en se forgeant une identité nouvelle, à contre-courant des stéréotypes gouailleurs et vulgaires : elle propose un répertoire et un jeu différents, plus artistiques et intellectuels, et se compose une « silhouette » unique, comme elle l’écrit elle-même. Considérant son image comme un enjeu essentiel, elle deviendra, de fait, un personnage médiatique d’envergure internationale reconnaissable entre tous.
1 Katalog der Grosse Berliner Kunstausstellung, Berlin, Elsner, 1904, p. 5, et 1907, p. XIII.
2 Karl Erich, « Berlin », Le Monde artiste, 44e année, n° 15, 10 avril 1904, p. 232.
3 Yvette Guilbert : diseuse de fin de siècle, cat. exp. (Albi, musée Toulouse-Lautrec, 30 septembre-16 novembre 1994, Aix-en-Provence, Pavillon de Vendôme, 25 novembre 1994-29 janvier 1995, Paris, Bibliothèque nationale de France, 9 février-1er avril 1995), Paris|Albi|Aix-en-Provence, Bibliothèque nationale de France|musée Toulouse-Lautrec|musées d’Aix-en-Provence, 1994, ill. p. 51 ; Pastels du musée d’Orsay, de Millet à Redon, cat. exp. (Paris, musée d’Orsay, 14 mars-2 juillet 2023), Caroline Corbeau-Parsons (dir.), Paris, Musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie|Réunion des Musées nationaux – Grand Palais, 2023, cat. 10, ill. p. 29 et 140.
4 Yvette Guilbert chantant « Linger, Longer, Loo », Moscou, musée Pouchkine.
5 Yvette Guilbert et Harold Simpson, Struggles and Victories, Londres, Mills & Boon Ltd, 1910, ill. face p. 90, 120 et 150 ; Yvette Guilbert, Béatrice de Holthoir (trad.), The Song of My Life: My Memories, Londres|Bombay|Sidney, George G. Harrap & Co. Ltd, 1929, ill. face p. 237, 274, 278 et 283.
Karl II Bennewitz von Löfen, Portrait d’Yvette Guilbert, 1899, pastel, 1050 x 710 mm, Paris, musée d’Orsay, inv. RF 51931.