VINCENZO
GEMITO

VINCENZO GEMITO
Naples, 1852-1929

PORTRAIT DE JEUNE FILLE
1917

Pierre noire, graphite, gouache, aquarelle, encre noire, craie blanche
555 x 365 mm
Signé et daté en bas à gauche : « GEMITO./1917 ».

Vincenzo Gemito naît de père et de mère inconnus, il est alors déposé à la Real Casa Santa dell’Annunziata, institution religieuse ayant pour vocation de recueillir les enfants abandonnés. Il est adopté par Giuseppina Baratta et son second mari, Francesco Jadiccio, surnommé Masto (ou Mastro) Ciccio par Gemito, qui devient non seulement son père adoptif mais, des années plus tard, son assistant pour la fonte des bronzes. L’enfance et l’adolescence de Gemito sont marquées par la pauvreté, une vie âpre et difficile. Les portraits de jeunes modèles rencontrés au hasard des rues évoquent son environnement quotidien, il restera toute sa vie attaché à cet univers. À l’âge de treize ans, il rencontre Antonio Mancini, ils s’inscrivent à l’Istituto di Belle Arti, l’un étudiant la peinture, l’autre la sculpture. Très vite, Gemito fait ses preuves et expose à la Societé Promotrice di Belle Arti dès 1870. À Paris, il présente le bronze du Pescatore (« Le Pêcheur napolitain »), il participe à l’Exposition universelle de 1878 ou le succès ne tarde pas à arriver. Dès lors, malgré les drames liés à la perte d’êtres chers et un état psychique instable, Gemito expose régulièrement ses bronzes. Ces derniers connaîtront une grande fortune.

S’il pratique le dessin tout au long de sa carrière, les trente dernières années de sa vie, Gemito entretient une activité graphique plus intense. Il travaille volontiers les pierres plutôt que la plume et l’encre brune, employant des techniques mixtes de façon très libre. Hormis des commandes de personnalités publiques, il réalise beaucoup de portraits de son entourage, de ses nièces en particulier ou des modèles féminins aperçus dans les rues de Naples ou les campagnes environnantes. Le sculpteur prête une grande attention aux volumes et au modelé, soulignés par les ombres et les lumières, accentuant leur présence physique. 
Ce portrait de jeune fille, les cheveux ébouriffés et l’air frondeur est comme le pendant au portrait de sa nièce Anita exécuté un an plus tôt, les cheveux sagement relevés par un nœud rayé. 
Gemito s’inscrit dans la tradition des portraits véristes de types populaires, l’exaltation d’une beauté crue et sans artifice le place dans la lignée du naturalisme napolitain du XVIIe siècle.

Le Musée d’Orsay a acquis ce Portrait de jeune fille de Vincenzo Gemito lors de notre exposition Dessins napolitains du XVIIe au XIXe siècle en juin 2023.